Description
Alessandro Stella
Différents peuples, de culture, de civilisation, de religion diverses, ont sacralisé des plantes psychotropes. De la « feuille d’Allah » (le khat) à l’iboga, en passant par l’ayahuasca, sans oublier le vin, « le sang du Christ », on a attribué à des plantes psychoactives des vertus divines. Le peyotl, appelé « la chair des dieux » par les ethnies amérindiennes du Mexique, est une plante emblématique à ce sujet. Mis au centre du panthéon divin par les indiens Huichols, il est utilisé lors de cérémonies religieuses pour deviner l’avenir, soigner différentes maladies psychosomatiques, consommé durant les fêtes, entre chants et danses. Les bienfaits de ce petit cactus étaient évidents pour les peuples qui le consommaient, d’autant plus que les effets stimulants et coupe-faim aidaient bien des gens vivant et se déplaçant dans la Sierra et les déserts du nord mexicain. Mais les colonisateurs européens, avec à leur tête les missionnaires chrétiens, trouvèrent que cette plante était éminemment maléfique, que non seulement elle rendait leurs consommateurs ivres et déraisonnables, mais que l’adoration qu’en faisaient les Indiens ne pouvait qu’être l’œuvre du démon. Ainsi ils l’appelèrent « l’herbe du diable » et, en 1620, l’Inquisition de Mexico publia un édit de prohibition du peyotl. Une mesure répressive qui eut en effet peu de conséquences, en premier lieu parce que les Indiens n’étaient pas soumis à la juridiction inquisitoriale. Malgré l’interdit, le peyotl continua d’être consommé durant la période coloniale et jusqu’à nos jours. Consommé traditionnellement sur place, le peyotl fait aujourd’hui l’objet d’un commerce international, notamment grâce aux greffes sur un autre cactus psychoactif, le San Pedro, qui permet une accélération sensible du développement de la plante.