Description
Agnès Lacroisade, Docteure en Pharmacie
Le paludisme demeure à ce jour l’une des maladies les plus meurtrières au monde, causant plus de 500 000 décès chaque année, la vaste majorité de ces décès survenant en Afrique et touchant les enfants de moins de cinq ans. Depuis 2006, l’OMS recommande l’utilisation de bithérapies appelées ACT (en anglais Artemisinin-based Combination Therapies) en tant que traitements de première intention contre le paludisme non compliqué. Les ACT associent un dérivé de l’artémisinine d’action antipaludique rapide et intense à un médicament partenaire d’action plus longue, permettant ainsi l’élimination de tous les parasites.
Le paludisme sévissant cependant principalement dans des régions pauvres et reculées où l’accès aux médicaments antipaludiques reste très difficile, la grande majorité des populations des zones endémiques continue de recourir à la médecine traditionnelle pour le traiter. Les infusions d’Artemisia annua et afra, plantes de la famille des Asteraceae, y sont ainsi encore largement employées. Toutefois, à l’heure actuelle, l’OMS et d’autres institutions de santé, en France, l’Académie nationale de médecine et le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) mettent en garde contre l’utilisation des infusions (ou d’autres emplois en phytothérapie) d’A. annua et afra pour le traitement préventif ou curatif du paludisme. Face à eux, les défenseurs des Artemisia et de la médecine traditionnelle revendiquent la légalisation de ces infusions, affirmant que les deux plantes correspondent à des polythérapies contenant de nombreux principes actifs, d’activités antipaludiques propres, synergiques ou additives, rendant impossible l’émergence de résistances.
Cet article a pour objectif d’analyser dans quelle mesure les remèdes de médecine traditionnelle à base d’Artemisia peuvent apporter une solution complémentaire ou alternative aux programmes actuels de lutte et d’éradication du paludisme.