Les guérisseurs-désenvoûteurs en Lorraine contemporaine. Enquête sur des rituels magico-thérapeutiques
- 2012 - 516 pages
- Auteurs : Déborah Kessler-Bilthauer
- Edition : Thèse de doctorat en ethnologie, Université de Lorraine
- Langues : Français
- Mot-clés : France, guérisseurs, magie, Médecine traditionnelle, rituel, sorciers
Description :
Thèse de doctorat en ethnologie, Université de Lorraine
Cette recherche se propose de montrer, à partir de travaux ethnographiques menés en Lorraine (France) durant 6 ans, le rôle social et thérapeutique des guérisseurs lorrains contemporains. L’enquête de terrain sur le long terme a permis de recueillir des données qualitatives par le biais de plusieurs dizaines d’entretiens réalisés auprès de guérisseurs-désenvoûteurs et de clients. Des observations in situ ont mis en valeur la diversité et la complexité des rituels de guérison ou de désenvoûtement. Des recherches muséographiques et documentaires ont été couplées au travail ethnographique pour donner de la profondeur au sujet dans une perspective comparative.
La thèse cherche à définir les compétences, le don, la formation et les qualités des guérisseurs qui revendiquent des savoirs sur le corps, le mal et la maladie et les appliquent dans des rituels dits traditionnels. Sans qualification ni reconnaissance de la part de la biomédecine, ils justifient leur pratique par des dons innés ou hérités qu’ils disent le plus souvent d’origine divine. Les rituels exécutés par les guérisseurs sont très variés mais font largement appel à des savoir-faire et des techniques empruntées au christianisme : ils utilisent des prières, des substances (sel, eau, huile, bénis), des objets, des symboles religieux et des gestes sacrés comme les signes de croix ou l’imposition des mains. Les rituels magico-thérapeutiques et mécaniques peuvent aussi intégrer des plantes, des pierres, des talismans,… Ils dépendent plus largement de bon usage de la force : le pouvoir du « mana » est au centre des rituels. L’efficacité des rituels sera discutée mais, elle ne constitue pas un élément fondateur de l’édifice de la recherche.
La dernière partie de la thèse est consacrée à la sorcellerie et ses acteurs ; le guérisseur-désenvoûteur, l’exorciste et la victime d’une part, et d’autre part, leur(s) adversaire(s) : le sorcier(ère), les esprits-démons ou le Diable. Ce système d’explication du malheur et de la maladie performant est abordé à partir des itinéraires thérapeutiques des clients.
La recherche entend ainsi réduire la distance qui sépare les sociétés dites traditionnelles de nos sociétés occidentales car elles semblent s’accorder sur des visions communes du corps en proie à la maladie et à la sorcellerie.