Ethnopharmacologia
Afrique, Médecine traditionnelle
1 volume
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Ethnopharmacologia
Afrique, Médecine traditionnelle
1 volume
Le sommaire et les résumés
L’utilisation de la médecine traditionnelle dans un système de santé s’effectue aujourd’hui dans le cadre de quatre types de statuts à savoir : exclusif, tolérant, inclusif, et unique. Nous avons analysé dans cet article la situation du Mali. Celle-ci s’inscrit encore actuellement dans un système tolérant malgré certaines mesures récentes relatives à l’adoption et à la mise en œuvre de la vision et de la politique nationale en la matière.
Les données de mortalité maternelle et infantile restent dramatiques au Mali, en dépit des efforts consenti par le Gouvernement et ses partenaires techniques et financiers. En 2006, selon l’Enquête Démographique et de Santé, le taux de la mortalité maternelle était de 464 sur 100.000 naissances vivantes et le taux de mortalité infantile de 94‰. Pour faire face à cette situation, les auteurs ont élaboré et expérimenté depuis 1999 une méthodologie visant l’implication des accoucheuses traditionnelles (AT) dans la prise en charge des urgences obstétricales. Les activités ont été menées dans les Districts Sanitaires de Kolokani (Région de Koulikoro), Bandiagara (Région de Mopti) et Kadiolo (Région de Sikasso) avec l’appui de différents bailleurs de fonds. Au centre des activités il y avait la tenue d’ateliers d’information et d’organisation des AT. L’objectif était de valoriser leurs connaissances et expériences en matière de prise en charge des accouchements au niveau des villages, pour les amener à s’occuper des accouchements normaux respectant les normes d’hygiène et à identifier et à référer à temps les cas à risque. L’analyse des données collectées a démontré que l’implication des AT a participé à améliorer l’accès des femmes aux services de surveillance de la grossesse, d’assistance à l’accouchement, de suivi post-natale et de vaccination des enfants.
Le diabète est une pathologie dont la prévalence mondiale ne cesse de croitre. L’inquiétude provient principalement des pays du sud où l’on craint une explosion de nouveaux cas dans les 30 années à venir alors que la situation sanitaire est déjà déplorable.
A Madagascar les pharmacopées traditionnelles mentionnent très souvent l’usage de plantes médicinales aux vertus hypoglycémiantes. En suivant la démarche de l’ethnopharmacologie appliquée, nous y avons recensé et identifié 20 espèces de plantes traditionnellement utilisées contre le diabète.
Après une étude bibliographique approfondie de ces espèces, cinq d’entre elles ont été sélectionnées pour réaliser des tests en laboratoire afin d’évaluer leur potentiel d’inhibition de l’α-glucosidase. Sur l’ensemble des extraits bruts testés, l’extrait hydro-alcoolique préparé à partir des cladodes de Phylloxylon xylophylloides présente une forte inhibition de l’enzyme. Cette activité mise en évidence pour la première fois montre une fois de plus la pertinence des utilisations traditionnelles de plantes et laisse de bons espoirs pour la recherche de traitements naturels disponibles pour les populations locales.
La quinine, l’artémisinine et ses dérivés qui demeurent encore efficaces contre le paludisme sont d’origine végétale et toujours en usage traditionnel dans leurs milieux de découverte. Ajouté à cela que 80% des populations recourent aux pharmacopées en première intention de soins, on est en devoir de rechercher dans la flore locale burkinabè un antipaludique phytothérapeutique.
Dans cette perspective, le CNRFP a entrepris une recherche pluridisciplinaire à visée pharmacologique, auprès de 45 tradipraticiens de santé de la région de Banfora.
La première étape, socioanthropologique et ethnobotanique, montre que les tradipraticiens avaient une assez bonne connaissance du paludisme, localement appelé sumaya. Les causes qu’ils lui attribuaient étaient environnementaux et liées entre elles : eaux sales stagnantes, humidité, moustique, chaleur. Pour le soigner, environ une centaine de plantes étaient utilisées ; 31 étaient plus usitées dont 7 ne semblaient pas avoir fait l’objet d’étude en pharmacologie. Ces dernières ont été prélevées pour les investigations de laboratoire. Feuilles, écorces de tronc et racines étaient les principaux matériaux utilisés pour les préparations thérapeutiques, qui sont généralement des décoctions buvables. Deux variétés d’Entada (Entada africana et Entada sudanica), utilisées pour le traitement du paludisme, ont été découvertes dans cette région
Au Burkina Faso, les personnes vivant avec le VIH (PvVIH) ont régulièrement recours à des substances naturelles pour traiter certaines infections opportunistes. C’est ainsi que le suc des feuilles fraîches de Mitracarpus scaber Zucc. ex Schult. & Schult. f. (Rubiaceae) et de Senna alata (L.) Roxb. (Fabaceae) sont utilisés comme antimycosiques. En ce qui concerne le zona et les poussées herpétiques, les feuilles fraîches de Phyllanthus amarus Schumach. & Thonn. (Euphorbiaceae), la sève de Mangifera indica L. (Anacardiaceae), le gel de Aloe buettneri Berger (Liliaceae) et la galle de Guiera senegalensis J.F. Gmel. (Combretaceae), sont les drogues végétales les plus utilisées. Des substances naturelles sont également recommandées par les tradipraticiens de santé pour la récupération immunologique et nutritionnelle, le traitement précoce de l’infection à VIH et la réduction des effets secondaires des traitements ARV (antirétroviral). Il s’agit respectivement pour les plus importantes d’entre elles, des feuilles de Moringa oleifera Lam. (Moringaceae), de la pulpe du fruit de Detarium microcarpum Guill. & Perr. (Fabaceae), de la spiruline et du pollen issu de la ruche. Les substances naturelles pouvant avoir une interaction avec les traitements conventionnels et plus particulièrement avec les médicaments ARV, les plantes contenant des tanins catéchiques, des dérivés 1,8 hydroxyanthracéniques laxatifs et des molécules hépatotropes ou inductrices enzymatiques, sont classées à risque, et leur utilisation par les PvVIH est étroitement surveillée.
Des enquêtes ethnobotaniques entreprises dans les régions du sud Gabon (Nyanga et Ngounié) ont permis de recenser 43 plantes utilisées en médecine traditionnelle pour le traitement de la stérilité. La plupart des plantes sont utilisées en association. De plus, certaines plantes telles que Enantia chlorantha et Cylicodiscus gabonensis ont déjà fait l’objet de plusieurs travaux dans d’autres affections comme le paludisme et les infections bactériennes.
Les plantes utilisées par la médecine traditionnelle en Afrique ont fait très souvent l’objet d’études chimiques, pharmacologiques et toxicologiques. C’est donc à partir de ces plantes traditionnelles que des médicaments traditionnels améliorés (MTA), qui ont été développés par des petits laboratoires privés ou des pharmaciens, peuvent contribuer à la santé des populations et réduire les importations
Au Niger, pays sahélo-saharien, l’élevage constitue la deuxième activité économique en recettes d’exportation après l’uranium. Malgré ce fort potentiel, l’élevage connaît des sérieuses difficultés dans l’amélioration de la production animale qui du reste, est tributaire de la santé des troupeaux.
La faible couverture vaccinale, combinée à l’inaccessibilité des produits vétérinaires et intrants zootechniques, prédispose tout naturellement les éleveurs à avoir grandement recours à un ensemble de remèdes à base des plantes et/ou de minéraux pour soigner leurs animaux.
Les savoir faire des ces éleveurs, longtemps ignorés ou méprisés, ont été valorisés depuis quelques années, suite aux échecs des politiques de développement pastoral et grâce surtout aux travaux de recherches entrepris dans le domaine.
En effet, les éleveurs nomades, pour faire face aux nombreuses maladies animales, utilisent un riche arsenal thérapeutique du fait de leurs connaissances séculaires de l’art vétérinaire. Il ressort de la présente étude, que près d’une quarantaine de pathologies ont été signalées. Pour y faire face, plus de sept cent recettes issues de la pharmacopée traditionnelle ont été répertoriées. Nous en rapportons fidèlement quelques unes ici. Elles concernent les pathologies les plus fréquentes de la zone d’étude.
Mallotus oppositifolium (Mo) est couramment utilisée au centre du Cameroun contre les syndromes diarrhéiques et les douleurs articulaires : L’étude a été menée auprès des Bafia, un peuple du département du Mbam et Inoubou, où Le macérât aqueux est administré per os dans le traitement des diarrhées alors les feuilles chauffées sont utilisées pour masser les parties douloureuses. Après l’étude de sa toxicité, nous avons évalué l’activité de Mo sur les diarrhées motrices et dysentériques à shigelles ainsi que sur les douleurs et inflammations chez les rats. Il en ressort que la plante a des vertus antidiarrhéiques et antiinociceptives. Le fractionnement des extraits des feuilles de Mallotus oppositifolium a été réalisé en vue d’une étude future des mécanismes d’action des molécules obtenus.
Aphania senegalensis est une plante communément rencontrée en Afrique de l’Ouest. Un screening chimique effectué sur les feuilles y montre la présence de flavonoïdes et de tanins. La plante est utilisée en médecine traditionnelle pour ses nombreuses propriétés. En effet, ses feuilles sont prescrites par les tradipraticiens comme antalgiques et anti-inflammatoires.
Notre étude a pour but de vérifier scientifiquement ces emplois empiriques mais également d’évaluer la toxicité aiguë sur des rats.
L’exploration de l’activité analgésique est réalisée sur un modèle de douleur induit par l’acide acétique chez la souris et qui se traduit chez celles-ci par des contorsions intestinales. Ainsi les différentes doses d’extrait éthanolique des feuilles de Aphania senegalensis testées ont montré une activité dose-dépendante. A 900mg/kg l’efficacité de l’extrait est similaire à celle de l’acide acétyl-salicylique à 100mg/kg pris comme référence (moyennes de contorsions intestinales respectives : 26,4 ± 3,21 vs 27,6 ± 2,85).
L’activité anti-inflammatoire est testée grâce à l’œdème induit par la carraghénine sur la patte de rat. Cependant seule la dose de 900mg/kg prévient de façon significative l’augmentation du volume moyen des pattes de rat. Les volumes moyens des pattes de rats varient en effet de 1,26 ± 0,02 ml au début de l’expérience à 1,60 ± 0,02 ml et 1,90 ± 0,04 ml, respectivement à la 2ème et 4ème heures.
En outre aucun signe de toxicité aiguë n’a été décelé sur les rats traités jusqu’à une dose de 5000mg/kg.