Ethnopharmacologia
Afrique, Ethnopharmacologie, Médecine traditionnelle
1 volume
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Ethnopharmacologia
Afrique, Ethnopharmacologie, Médecine traditionnelle
1 volume
Le sommaire et les résumés
1) Bletilla striata (Thunb) Rchb.f. (Orchidaceae),
François Mortier et Céline Hocquard
Dans la Chine ancienne, les orchidées étaient considérées comme des objets de «collection» réservées à la noblesse. Aujourd’hui, elles fascinent le monde par la multiplicité de leurs formes et de leurs couleurs. Quelques-unes d’entre elles sont utilisées depuis des siècles en médecine traditionnelle chinoise dont Bletilla striata, orchidée d’origine asiatique, attirant aujourd’hui la convoitise des laboratoires pharmaceutiques en raison de son intérêt pharmacologique. Ainsi la littérature et de nombreux sites internet proposent des «recettes» faisant référence aux médecines traditionnelles et l’on trouve quantités de préparations aux nombreuses vertus sans garantie de sécurité d’emploi, voire d’efficacité ; mais paradoxalement de nombreux brevets faisant appel à cette plante ne cessent d’être déposés.
2) Médecine traditionnelle réunionnaise : validation de l’utilisation de certaines plantes dans le traitement des symptômes du chikungunya,
Carole Minker
L’île de la Réunion a connu sa première épidémie de chikungunya en 2005. Face à cet événement, et devant le faible arsenal thérapeutique proposé par la médecine conventionnelle, la population réunionnaise, fortement adepte de la médecine traditionnelle, s’est tournée vers ses tisaneurs. La grande variété des symptômes du chikungunya a permis à ceux-ci de proposer une large palette de traitements à base de plantes, utilisées pour leurs propriétés anti-inflammatoires et anti-rhumatismales, anti-virales, fébrifuges et contre les irritations cutanées.
Le présent article constitue une synthèse d’enquêtes ethnopharmacologiques qui ont été menées dans le cadre d’une thèse de doctorat en pharmacie (Minker, 2007) concernant les plantes utilisées pour soulager les symptômes du chikungunya.
3) La nuit de l’iguane. Ethnopharmacologie auto-appliquée,
Guy Lesoeurs
En Amazonie, les tradipraticiens indiens sont passés maîtres dans la science des plantes et de leurs effets. A leur contact, les ethnobotanistes et les ethnopharmacologues tentent d’appréhender les données de ce savoir empirique afin d’en tirer des enseignements. Cette démarche qui doit respecter la propriété intellectuelle et la culture médicale traditionnelle permet de valoriser la pharmacopée locale pour la santé des populations indigènes et d’en évaluer l’intérêt thérapeutique pour la communauté mondiale.
Depuis les temps les plus anciens, les shamanes, yachacks et curanderos d’Amérique du Sud utilisent les plantes au pouvoir hallucinogène pour générer des visions et guérir les maladies. L’ayahuasca, notamment, a donné lieu à une abondante littérature et certains lieux, au Pérou notamment, sont dédiés à des expériences psychiques pour les occidentaux. L’état modifié de conscience que le breuvage induit réalise une catharsis émotionnelle, guidée par le shaman lors d’un rituel spécifique.
Dans ces lignes, l’auteur tente de nous faire partager son aventure psychique avec la liane sacrée qu’il a expérimentée lors d’un rituel shamanique en Amazonie équatorienne exclusivement réservé aux indigènes où il a rencontré l’Autre lui-même. Cette expérience est tout à fait personnelle. Sa relation n’a pas pour objectif de banaliser et d’encourager une pratique qui peut s’avérer dangereuse si elle n’est pas encadrée.
4) Recherche de plantes à potentialités antihypertensives dans la biodiversité béninoise,
J.-M. Tokoudagba, P. Chabert, C. Auger, S. N’Gom, J. Gbenou, M. Moudachirou, V. Schini-Kerth, A. Lobstein
Des études ethnopharmacologiques réalisées au Bénin ont permis de recenser une série de plantes médicinales utilisées pour leurs propriétés antihypertensives mais qui n’avaient pas encore fait l’objet d’objectivation scientifique. Parmi cette sélection, onze plantes ont été récoltées et leur activité vasodilatatrice évaluée sur un modèle ex vivo. Deux espèces montrent une activité marquée : Parkia biglobosa (Jacq.) Benth. (Mimosaceae) et Spondias mombin L. (Anacardiaceae), avec des valeurs respectivement d’EC50 de 30 mg/L et 90 mg/L.
5) Etude ethnopharmacologique de plantes antipaludiques utilisées en médecine traditionnelle chez les Abbey et Krobou d’Agboville (Côte d’Ivoire),
K. N’Guessan, F.H. Tra Bi, M.W. Koné
Le paludisme apparaît comme la plus vieille et la plus meurtrière des maladies tropicales. A travers le monde, de nombreux peuples ont utilisé traditionnellement des plantes pour combattre cette affection redoutable. Une étude ethnopharmacologique réalisée dans 16 villages du Département d’Agboville (Côte-d’Ivoire) a permis de recueillir, auprès de 60 tradithérapeutes, des informations relatives à 57 espèces de plantes utilisées pour mettre au point 51 recettes médicamenteuses à indication antipaludique. Les recettes monospécifiques, au nombre de 44 soit 86,27 %, sont fréquemment utilisées. Comme drogues, ce sont les feuilles (58,33 %) qui sont les plus sollicitées. La préparation des recettes médicamenteuses fait intervenir majoritairement des décoctions (57,97 %). La plupart des remèdes sont employés par voie orale, particulièrement en boisson (46,98 %). Le screening phytochimique effectué montre que l’effet antipaludique serait le fait des groupes chimiques suivants : alcaloïdes, polysaccharides, glyco-protéines et triterpènes. Les informations à caractères phytochimique et pharmacologique indiquent le bien fondé de l’usage antipaludique traditionnel des plantes étudiées.
6) La propolis et ses usages thérapeutiques dans l’ouest du Cameroun,
I.R. Tchouamo, R.D. Nnomo, J.Y. Pinta
Dénuée de toxicité, la propolis désigne toute une série de substances produites par les abeilles à partir des résines recueillies sur l’écorce et les bourgeons de certains végétaux. Ce sont ces résines végétales qui lui confèrent des propriétés anti-infectieuses reconnues.
Cette enquête, menée dans les hauts-plateaux de l’ouest du Cameroun où l’apiculture est fortement développée, porte sur 326 personnes. Il en ressort que la propolis est utilisée seule ou en association avec d’autres plantes particulièrement dans le traitement des infections urinaires et génitales, les blessures, brûlures et mycoses ainsi que les douleurs rhumatismales. Ces résultats au Cameroun présentent une similitude d’usages avec ceux d’autres régions du monde.
Ce produit mérite donc d’être intégré parmi les thérapeutiques à usage domestique de part son efficacité et son inocuité.
7) Apiphytothérapie à base du miel au Cameroun,
R.D. Nnomo, I.R. Tchouamo, J.Y. Pinta
L’apiphytothérapie est une forme de médecine traditionnelle qui combine plantes médicinales et produits de l’abeille (miel, cire, pollen, gelée royale, propolis, venin). L’enquête ethnobotanique menée auprès de 326 personnes sur l’apiphytothérapie à base du miel dans les Hautes Terres de l’Ouest du Cameroun a permis d’individualiser 127 recettes thérapeutiques. Ces recettes sont utilisées pour le traitement de 113 maladies sévissant dans la zone. Soixante plantes médicinales appartenant à 36 familles botaniques sont combinées. Les plus fréquentes dans les recettes identifiées sont : Elaeis guineense (19), Citrus sinensis (18), Zingiber officinale (16), Aloe barbadensis (15), Allium sativum (14), Carica papaya (12) et Cymbopogon citratus (12). Les feuilles (32 %) et les fruits (19 %) sont les parties les plus utilisés lors de la préparation des médicaments en apiphytothérapie.
Pour la majorité des recettes, le mode préparatoire des plantes est une concoction auquel on ajoute le miel. Les médicaments sont administrés surtout par voie orale. Les maladies les plus soignées sont la bronchite, les angines, l’hypertension, les palpitations, les plaies et les sinusites.
La plupart des plantes identifiées dans les recettes ont des propriétés pharmacologiques individuelles analogues au miel de combinaison, mais pas toujours avec autant d’efficacité selon le cas. L’association viserait donc une meilleur efficacité du produit final via la synergie entre les différentes composantes du mélange. Ces mélanges, simples, efficaces, peu onéreux et sans effets secondaires méritent d’être mieux connus et intégrés dans la panoplie des thérapeutiques naturelles à usage courant.
Il serait important toutefois de se ravitailler en miel directement chez les apiculteurs, d’éviter une automédication prolongée en cas de maladie, et se diriger directement vers les structures de soins spécialisés si les symptômes persistent.
8) Phytothérapie traditionnelle et chimiothérapie dans le milieu de la lutte professionnelle au Sénégal,
W. Diatta, A.D. Fall, K. Diatta-Badji, N.K. Ba, N.D. Sall, E. Bassène
Longtemps considérée comme un jeu, la lutte est devenue au Sénégal une activité économique avec des retombées financières très importantes. Les enjeux financiers qu’elle génère poussent les lutteurs à accroître leurs performances par la prise de certains produits.
Une enquête menée dans huit écuries de la région de Dakar et concernant 76 lutteurs professionnels, a montré que ces derniers ont recours à 16 plantes de la pharmacopée traditionnelle sénégalaise parmi lesquelles Hibiscus sabdariffa, Grewia bicolor, Aphania senegalensis, Ficus iteaphylla et Cassia sieberiana qui sont d’un usage fréquent.
A côté de ces plantes, les lutteurs utilisent 30 spécialités pharmaceutiques, essentiellement constituées d’antiasthéniques, d’antalgiques, d’anabolisants, d’anxiolytiques-myorelaxants et d’orexigènes.
L’enquête a aussi relevé l’usage de produits prohibés tels que la testostérone et ses dérivés, considérés comme dopants et le chanvre indien qui est un stupéfiant.
9) Activités antibactérienne et antifongique de l’extrait acétonique des racines de Cassia sieberiana DC (Caesalpiniaceae),
A.D. Fall, C. Kandu-Lelo, V.P. Bagla, J.N. Eloff, E. Bassène
Cassia sieberiana DC (Caesalpiniaceae) est un arbre de 15 à 20 mètres de hauteur. Au Sénégal, on le rencontre surtout au sud, et particulièrement en Casamance. L’extrait des racines est indiqué en médecine traditionnelle sénégalaise pour ses propriétés anti-infectieuses.
Notre étude a pour but de vérifier in vitro les propriétés antibactérienne et antifongique de l’extrait acétonique des racines et de ses fractions à l’aide de la méthode de microdilution.
Concernant l’activité antibactérienne, à l’exception de Staphylococcus aureus, les trois autres bactéries (Enterococcus faecalis, Pseudomonas aeroginosa et Escherichia coli) sont sensibles à l’extrait acétonique et à ses différentes fractions. L’étude de l’activité antifongique a montré que l’extrait acétonique n’est actif sur Candida albicans et Aspergillus fumigatus qu’à la plus forte dose testée (2.5mg/ml). Cependant il est très actif in vitro sur Cryptococcus neoformans et la fraction aqueuse présente la meilleure inhibition de la croissance fongique.
10) Projet de mise en réseau des participants à la formation en Ethnopharmacologie appliquée de Metz : mise en place, analyse et perspectives,
Isabelle Lorre et Jacques Fleurentin
Un programme de coordination, mis en place lors de l’année 2008 par la Société Française d’Ethnopharmacologie et l’association Jardins du monde, a permis de recontacter les anciens participants africains de la formation d’ethnopharmacologie et de rencontrer les différents partenaires travaillant sur la promotion de la médecine traditionnelle et des plantes médicinales en Afrique.
Des pistes de réflexions ont été soulevées et des actions ont été entreprises.
Malheureusement, ce projet ne peut continuer pour le moment mais des alternatives sont proposées pour prolonger ce travail de collaboration autour de la valorisation des ressources naturelles.