Description
Taoubi Khalil, Docteur en pharmacognosie, Lyon (69)
et
Bernard Weniger, Maître de conférences honoraire de Pharmacognosie, Strasbourg (67)
Le Liban dispose d’une flore riche en espèces endémiques et en plantes médicinales. L’usage traditionnel de ces dernières y est ancestral et se transmet oralement de génération en génération.
Dans cet article, nous présentons une étude comparative des données obtenues dans quatre enquêtes ethnopharmacologiques réalisées dans différentes régions libanaises par des étudiants en pharmacie dans le cadre de leurs thèses d’exercice et les comparons à des publications scientifiques sur le même sujet.
Le résultat montre que l’usage des plantes reste répandu dans la population, plus particulièrement en zone rurale, et se fait majoritairement sous la forme de tisanes ou « zhourat ». Les symptômes les plus couramment traités sont d’ordres respiratoire, digestif ou rénal. Vingt-sept espèces, dont des taxons endémiques, figurent dans toutes les enquêtes, certaines possèdant les mêmes usages traditionnels quelle que soit la localité, comme le fameux Ferula hermomis Boiss., réputé aphrodisiaque.
D’autres espèces combinent des utilisations communes ou différentes selon la région ; il s’agit par exemple de Salvia fruticosa Mill. dont l’activité antidiabétique est reconnue sur l’ensemble du territoire, mais qui fait également l’objet d’usages spécifiques régionaux. Plusieurs plantes médicinales sont massivement ramassées, les mettant ainsi en danger d’extinction ; c’est le cas justement de Ferula hermomis Boiss. et de Salvia fruticosa Mill. mais aussi d’espèces des genres Origanum, Alcea et Micromeria.
La mise en place rapide de programmes de conservation au niveau national est souhaitable afin de tenter de sauvegarder la riche biodiversité locale, et ceci particulièrement pour les plantes médicinales, tellement utiles pour les soins d’une population en grande difficulté.