par Bernard Weniger
(Informations reprise en partie de France culture)
le 6 avril 2020
D’où vient le nouvel espoir suscité par le vaccin BCG dans le Covid-19 ?
En Lombardie, des études épidémiologiques ont permis de constater que les ressortissants hors Union Européenne avaient tendance à développer nettement moins de formes sévères que les populations locales. Quelle différence entre ces deux groupes ? Eh bien en Italie, le vaccin BCG n’est plus obligatoire depuis de nombreuses années. La plupart des ressortissants hors-UE sont vaccinés, là où les italiens, et surtout les personnes les plus âgées, n’ont plus eu de contact avec le vaccin depuis parfois plusieurs décennies. Une publication récente en preprint (1) va dans le même sens et montre que les différences nationales en matière d’impact du COVID- 19 pourraient s’expliquer en partie par les politiques nationales concernant la vaccination des enfants par le BCG. Ainsi, les pays sans politique de vaccination par le BCG (Italie, Pays-Bas, États-Unis) ont été plus gravement touchés que les pays ayant de longue date des politiques de BCG universelles.
Comment fonctionne le BCG ?
On sait depuis longtemps que le BCG (vaccin bilié de Calmette et Guérin) a un effet protecteur au delà de la seul vaccination contre la tuberculose. Il s’agit d’un vaccin vivant, obtenu à partir de l’atténuation d’une souche de bacille tuberculeux bovin que l’on injecte, en général au nourrisson dans sa première année. Or, si le vaccin est loin d’être parfait, puis qu’il ne prévient que 60% des cas de tuberculose chez l’enfant en moyenne, il a d’autres effets qui sont constatés de longue date, notamment la protection contre d’autres types d’infections respiratoires, et une augmentation globale de la résistance à d’autres maladies, comme l’asthme, ou le diabète de type 1.
Comment cela se fait-il ?
Pour bien le comprendre, il faut revenir sur les deux temps de la réponse immunitaire. Lorsque votre corps est confronté à un agent pathogène, la première réponse immunitaire est la réponse innée : ce sont de gros globules blancs qui attaquent et détruisent jusqu’à 99% des agents infectieux. Dans un deuxième temps intervient l’immunité adaptative (ou acquise), à savoir le recrutement d’autres globules blancs, les lymphocytes T et B, qui vont produire des anticorps spécifiques.
Le BCG, en tant que vaccin « vivant », stimulerait l’immunité innée, on parle « d’immunité innée entraînée ». Cette immunité à très large spectre aurait aussi une forme de mémoire, elle serait en quelque sorte dopée par ces vaccins vivants, puisqu’il s’agit de véritables agents pathogènes, même affaiblis. Et cet entraînement aurait pour conséquence d’aider l’organisme à mieux réguler sa réponse immunitaire globale.
On sait aujourd’hui que dans la dernière phase de l’infection, le Covid-19 provoque un « orage de cytokines », c’est-à-dire un dérèglement du système inflammatoire qui finit par avoir des réactions en chaîne catastrophique pour l’organisme. Or, cette immunité innée « entraînée » permettrait d’éviter cette réaction en chaîne négative, et donc, d’éviter en partie les cas graves ou sévères de la maladie.
Des tests sont en cours au Pays-Bas et en Australie pour confirmer cet effet et un essai Inserm va débuter en France. Il faut bien comprendre que si ces tests sont concluants, ils seront à destination en premier lieu du personnel soignant qui sont les premiers à risquer de développer les formes graves de la maladie. Les premiers résultats sont attendus d’ici 3 à 4 mois.
Bibliographie
(1) Miller A., Reandelar M.J., Fasciglione K., Roumenova V., Li Y., Otazu G.H. (2020) Correlation between universal BCG vaccination policy and reduced morbidity and mortality for COVID-19: an epidemiological study, MedRxiv.