par Jacques Fleurentin
le 4 mai 2020
Des observations
en Chine ont signalé que seuls 12,6% des fumeurs sont atteints par la maladie du Covid-19 sur 1000 cas étudiés alors qu’il y a 30% de fumeurs dans la population soit 5 fois moins de fumeurs atteints que la population générale.
Aux Etats-Unis, 1,9% de fumeurs sont atteints sur 7000 cas rapportés par le Center of Disease Control, soit 10 fois moins que la population générale.
En France, on observe 80% de moins de personnes malades chez les fumeurs parmi les 350 patients hospitalisés (soit 5% seulement de fumeurs atteints) et 150 patients atteints plus légèrement.
Les fumeurs ont ainsi une probabilité moindre de développer une infection symptomatique.
La nicotine, inhibitrice
La nicotine inhibe l’expression du récepteur cellulaire ACE2, porte d’entrée du virus dans les cellules et réduit ainsi le nombre de cellules contaminées.
Une étude est lancée à l’hôpital de La Pitié-Salpétrière avec la pose de patchs de nicotine à trois types de population : des soignants pour mesurer l’effet protecteur, des patients hospitalisés pour évaluer la réduction des symptômes et des patients en réanimation.
Le choix de la dose à administrer pose problème chez les non-fumeurs car ils ne peuvent supporter les doses élevées de certains patchs à la nicotine.
La fumée, responsable d’aggravation
Mais le fumeur est exposé à problème d’une autre nature : la fumée détruit les cils protecteurs de la trachée théoriquement susceptibles de protéger l’organisme par le mucus qui piège et neutralise les microbes. Or, la disparition des cils pourrait présenter l’avantage d’atténuer la fixation du virus sur ces cellules mais en fait, le tabagisme provoque un surnombre de récepteurs ACE2 qui, on l’a vu plus haut, constituent la porte d’entrée du virus pour pénétrer la cellule cible. Quand un patient fumeur est hospitalisé, l’arrêt du tabac provoque la libération de ces récepteurs ACE2 et les rend disponibles pour le virus avec une aggravation de l’état de santé.
Dans ces conditions, la nicotine n’est pas un remède protecteur à recommander, il faudra attendre le résultat des recherches en cours. Quant au tabac fumé, il tue aujourd’hui 200 personnes par jour.