par dr. Bruno Dal Gobbo
médecin généraliste
le 3 avril 2020
Le Corona virus Covid-19 est un virus à ARN monocaténaire de sens positif. S’il possède un appareil enzymatique lui permettant d’initier et d’entretenir sa réplication au sein de la cellule, il lui est indispensable de pourvoir pénétrer dans les cellules rendues cibles par l’activation d’enzymes (Furines et TMPRSS2), l’exposition de récepteurs membranaires (Récepteurs de la protéine Skype virale), ou l’expression de protéines favorisant l’entrée du virus comme l’ACE2 et l’acide N Acétylneuraminique. Cette intrusion du virus dans la cellule nécessite une triple permissivité: structurelle membranaire, fonctionnelle enzymatique et immunitaire. Pourquoi une telle tolérance des organismes vis à vis du Covid-19 ? Les patients malades du Covid ont-ils un état physiologique particulier ?
Une épidémiologie évocatrice
Patients âgés (andropause et ménopause), plutôt des hommes, avec une comorbidité (diabète HTA, obésité) et des traitements qui potentialisent l’expression de l’ACE2 (IEC, IA2, béta bloquants, diurétiques) ou d’autres qui dépriment la synthèse des stéroïdes sexuels et/ou surrénaliens (statines, cortocoïdes). On note aussi l’implication de l’ibuprofen AI (qui effondre l’activité androgénique, diminue la LH).
Des tableaux cliniques évocateurs
Une cible respiratoire (cellule exprimant l’ACE2) avec apparition d’une pneumopathie inflammatoire fibrosante (stimulation des fibroblastes non plus par les oestrogènes mais par des mécanismes cytokiniques de substitution), une symptomatologie intestinale (Implication de l’ACE2 dans le métabolisme des acides aminés), une anosmie (atteinte des voies neurologiques portant l’action de la GnRH inductrice de l’activité gonadotrope)
Des marqueurs biologiques
Effondrement, chez les patients Covid-19, de la testostéronémie et des transporteurs SBPG. Présence d’ACE2 dans les gonades, ce qui témoigne de l’implication neuro endocrinienne dans le processus pathologique du Covid-19. Si l’entrée du Covid-19 se fait par l’ACE2, l’activation des furines et de TMPRSS2 et l’expression de l’acide N Acétylneuraminique sont dépendantes de l’équilibre hormonal (Œstrogènes/Androgènes).
Si l’entrée du virus dans la cellule implique l’enzyme ACE2 du SRA (Système Rénine Angiotensine), l’évolution vers la maladie se fait dans un contexte métabolique particulier : HTA, Obésité, Diabète (trois contextes qui augmentent l’expression de l’ACE2). Par ailleurs l’infection par le Covid-19 est probablement révélatrice d’un hypogonadisme hypothalamo-hypophysaire global qui n’est plus compensé par le système neuroendocrinien général et qui conduit au recrutement inflammatoire tissulaire sur les cellules cibles du virus (cellules exprimant ACE2).
Quel lien entre l’activité génitale, le métabolisme et le SRA ? Hypothèse :
Les hormones génitales sont anaboliques, elles initient la synthèse des protéines. Les hormones de l’axe somatotrope gèrent l’approvisionnement en acides aminés et l’agencement des protéines synthétisées. Toute sollicitation ou tout besoin de synthèse vont nécessiter la mobilisation et le transport membranaire de ces acides aminés. Le transport de ces derniers est sodium dépendant ce qui implique un lien de régulation fort entre le niveau d’activité des hormones génitales, le niveau d’activité des hormones somatotropes, le niveau d’activité du SRA qui outre le fait qu’il est impliqué dans la gestion de la tension artérielle gère aussi et surtout le flux sodique et sa répartition dans l’organisme. Les variations du niveau d’activité endocrine des hormones gonadotropes ou somatotropes ainsi que les variations métaboliques que cela implique vont retentir à plus ou moins long terme sur l’adaptation du SRA prédisposant ou non à une surexposition de l’ACE2 et donc à l’entrée du Covid-19 dans les cellules cibles (celles qui exposent l’ACE2 : les cellules pulmonaires, les cellules testiculaires, les cellules cérébrales, intestinales etc…)
De la baisse d’activité des hormones génitales au Covid-19
Les hormones génitales et surtout les oestrogènes ont pour finalité primordiale la conservation des structures protéiques et donc l’initialisation des mécanismes de synthèse protéique (mise en place de l’appareil enzymatique permettant de gérer la mise à disposition des acides aminés), en partenariat avec les hormones thyroïdiennes et les hormones somatotropes. Toute diminution des synthèses ou augmentation des besoins vont solliciter des mécanismes de compensation avec plus ou moins d’impact sur l’équilibre endocrinien, métabolique et inflammatoire.
- Stimulation des gonadotrophines pour compenser en priorité le niveau circulant d’hormones génitales.
- Optimisation des rendements tissulaires avec augmentation des facteurs de croissances (IGF1, Transporteurs hormonaux comme de substrats indispensables à la synthèse des stéroïdes (SBP, LDL, cholestérol etc…)
- Production tissulaire de graisse et d’aromatisation (augmentation de la résistance à l’insuline, du poids et des facteurs inflammatoires)
- Amplification du mécanisme de transfert sodique par l’aldostérone et rétention de Na (mobilisation du SRA) pouvant conduire à l’HTA. La sur-exposition de l’ACE2 étant le stigmate d’une volonté de relance d’une voie aldostéronique inopérante (gestion du Na nonobstant la cause) en minimisant l’impact vasopressif (voie de vaso-dilatation).
- En dernier recours : Amplification de l’activité aldostéronique tissulaire par des mécanismes inflammatoires brutaux cytokiniques et la libération de l’endothéline. Cette dernière stimule la sécrétion de la GH, FSH, LH, TSH, Prolactine et ADH dans une ultime volonté de maintenir une régulation endocrino-métabolique cohérente.
SRA et Covid-19 dans le concert endocrino-métabolique
Le SRA dispose de deux voies principales : la voie ACE1 qui aboutit à l’aldostérone (adaptation du Na) et la voie ACE2 (Non régulatrice du Na). Il est alimenté par l’angiotensinogène dont la synthèse est induite par les hormones (mobilisatrices d’acides aminés) : Corticoïdes, oestrogènes, hormones thyroïdiennes. La voie ACE1 du SRA conduit à l’aldostérone dont la synthèse est contrôlée par le SRA lui-même mais aussi par la testotérone (freination) ou la prolactine, l’histamine et les cytokines inflammatoires (stimulation). Le SRA dispose d’une voie ACE1 qui conduit à l’aldostérone et d’une voie ACE2 qui contourne l’angiotensine 2. C’est la valeur relative du rapport ACE1/ACE2 qui permet d’orienter ou non l’action du SRA vers une voie préférentielle. Le Covid-19 apparait comme un élément qui renforce la voie ACE1 (défaillante ou bloquée) en utilisant l’ACE2 (surexprimé) nonobstant les mécanismes de régulation neuro-endocriniens habituels. Par ailleurs, le Covid-19 favorise les voies inflammatoires de la bradykinine et cytokinique sur un terrain physiologique favorable.
La thérapeutique est en panne : les antiviraux semblent avoir peu d’effets comme les anti-inflammatoires. La plante médicinale, régulatrice des fonctions biologiques par la synergie d’action qu’elle propose, peut avoir une place.