Ma rencontre avec un homme exceptionnel, franc et engagé, ami de l’Afrique…
J’ai rencontré pour la première fois le Prof Jean-Louis Pousset en novembre 2002 lors de la rencontre de ReMed sur les médicaments à base de plantes médicinales à Paris où j’avais effectué une communication sur le «Gastrosedal» un phytomédicament du Mali. A cette occasion, tous les africains qui avaient fait le déplacement ont été invités à diner chez Jean-Louis. A ma grande surprise, il a dédié le dîner en mon honneur (plats italiens de mon pays de formation).
Depuis, je peux dire qu’il m’a adoptée et a guidé mes pas dans le processus de la valorisation de la Pharmacopée Traditionnelle Africaine : nous sommes toujours restés en contact et à chaque passage à Paris j’ai eu droit à son hospitalité, une invitation à manger en famille avec son épouse Monique. Il n’a eu de cesse de m’encourager à valoriser nos résultats de recherche pour la production locale des phytomédicaments en Afrique.
En 2003, j’ai eu la chance de l’accompagner, avec le Pr Drissa Diallo, en excursion botanique à Siby au Mali pour repérer certaines plantes et faires des photos. Certaines d’entre elles ont servi à illustrer son livre sorti en 2004. Toujours en 2003, c’est lui qui m’a proposé et qui a cherché des sponsors pour ma première participation au cours d’ethnopharmacologie appliquée à Metz. Il avait jugé que je pouvais assurer sa relève. Cela a été pour moi une très grande marque de confiance.
En 2008, il a fait le déplacement Paris-Metz-Paris en une journée, juste pour échanger avec moi, pour me donner des conseils pour le concours d’agrégation du CAMES et me proposer de participer à la rencontre de Grasse en 2009.
Au CIPO 2009 à Ouagadougou, notre dernière rencontre en Afrique, il a été honoré avec une médaille du Gouvernement du Burkina Faso, pour son engagement pour la valorisation de la Pharmacopée Traditionnelle Africaine.
En septembre 2010, j’ai bénéficié de son hospitalité et de son épouse. Comme on dit chez nous, ils m’ont « gâtée »… J’ai partagé avec eux des moments agréables à la maison, au restaurant et au cinéma. J’ai passé une journée inoubliable avec lui.
En septembre 2011, lors de mon passage à Paris, mes emails et appels téléphoniques sont restés sans réponse… Le 5 octobre dernier, j’ai reçu le message de son décès : une grande perte pour tous les Africains qui travaillent dans le domaine de la valorisation de la Pharmacopée traditionnelle africaine.
Merci Jean-Louis pour le renforcement de ma conviction et de ma passion pour les plantes médicinales que vous avez toujours considérées comme une ressource de développement socio-sanitaire et économique de l’Afrique. Merci pour la confiance qui m’aidera à continuer mon combat pour la valorisation de la Pharmacopée Traditionnelle Africaine.
Repose en Paix,
Rokia Sanogo
Nous avons rencontré Jean-Louis à Saint Domingue en 1986 dans le cadre des ateliers Tramil consacrés au recensement des savoirs populaires de la Caraïbe, puis à Cuba et au Burkina Faso.
Passionné par l’étude des plantes médicinales, le jeune professeur de pharmacognosie avait bien développé le laboratoire de la Faculté de Pharmacie de Dakar de 1978 à 1986, puis il rejoint la Faculté de Poitiers. Il était l’invité de tous les congrès et réunions scientifiques concernant l’Afrique, il défendait l’idée que les Africains doivent développer des médicaments à partir de leurs ressources naturelles et avait une démarche pragmatique et volontaire associant la recherche scientifique au développement industriel.
Récemment il avait incité à la plantation de milliers de Morinda oleifera dans le nord du Burkina.
Convivial, sincère, déterminé, il transmettait sa passion avec amitié et respect des autres.
Il était membre de la SFE depuis sa création en 1987 et nous partageons avec son épouse et sa famille la tristesse d’un départ prématuré.
Jacques Fleurentin et Bernard Weniger