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SA VIE EST UN JARDIN
Sa vie durant, il a semé des graines, qui ont germé et poussé et qui ont à leur tour donné des graines pour déboucher sur des structures et de nouvelles disciplines
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Les fleurs, c’est ma maison ; ma maison, c’est une serre ; mon enfance, c’est un jardin ; mon futur, c’est un paradis terrestre et je n’ai jamais pu l’imaginer autrement que comme un jardin
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aJean-Marie Pelt aura été à la fois un savant, un scientifique, un militant, un homme engagé dans l’action politique et surtout un humaniste. Jeune pharmacien, diplômé en botanique, il a débuté sa carrière en arpentant l’Afghanistan, mais aussi la Syrie, l’Irak. Ses travaux sur les pharmacopées traditionnelles l’ont mené au Maroc, en Côte d’Ivoire et au Togo.
Précurseur et quasi inventeur de l’écologie urbaine, il fonde en 1971 l’Institut Européen d’Ecologie, faisant de la ville de Metz, dont il fut le premier adjoint pendant 12 ans, le laboratoire d’une ville-jardin. Responsable des jeunes au MRP, proche de Robert Schuman, l’un des Pères de l’Europe, il participa de près à l’émergence du rêve européen.
Vulgarisateur de talent aussi, il a réalisé avec Jean-Pierre Cuny deux séries documentaires « L’Aventure des plantes » en 1982 et 1987, récompensée par un 7 d’Or en 1987. Mais son action ne se limitait pas seulement au règne végétal, derrière la défense de la nature et du vivant, c’est l’aventure profondément humaine d’un juste équilibre qu’il cherchait à promouvoir. De Théodore Monod à Pierre Rabhi et Edgard Morin, tous ont partagé avec lui une vision de l’Homme en relation avec sa planète, une vision faite de paix, de respect, de partage et de connaissance. « Jean-Marie Pelt était avant tout un homme profondément bon. C’était quelqu’un de bienveillant empreint d’une profonde spiritualité ».
LE JARDIN D’INNOCENCE
L’ENFANCE
« Rodemack, c’est le berceau de mon enfance. J’y ai été heureux. A vrai dire, j’ai eu une enfance très heureuse »
L’âme de la nature, Jean-Marie Pelt et Paul Couturiau, Editions Genèse, 2015
Rodemack, la Carcassonne de l’Est
Enfant du pays des Trois Frontières, Jean-Marie Pelt est né à Thionville (Moselle) le 24 octobre 1933. Rodemack, son village natal à proximité de l’Allemagne, du Luxembourg et de la Belgique, peut se targuer aujourd’hui de faire partie de l’association des plus beaux villages de France.
Jean-Marie Pelt à 2 ans, avec ses grands-parents à Rodemack
LE JARDIN DE LA CONNAISSANCE
LES ETUDES
« Les études de pharmacie me comblèrent car les disciplines que j’aimais passionnément, la botanique et la chimie, y étaient fortement représentées »
Le jardin de l’âme, Jean-Marie Pelt, Editions Fayard, 1998
Etudes secondaires au Lycée de Thionville. Il obtînt le baccalauréat en 1951.
Etudes supérieures à la Faculté de Pharmacie de Nancy centrées sur la chimie, la biologie, la botanique et la matière médicale. Il obtînt son diplôme de pharmacien en 1956, son Doctorat d’Etat en Pharmacie en 1959, sa Licence ès Sciences naturelles en 1959, son Diplôme du Centre de Préparation à l’Administration des Entreprises à la Faculté de Droit de Nancy en 1958. Et l’Agrégation en Pharmacie en 1962.
L’ENSEIGNEMENT
Enseigne la botanique, la biologie végétale, la matière médicale et la cryptogamie à la Faculté de Pharmacie de Nancy pendant plus de 15 ans de 1956 à 1972 (Délégué assistant aux travaux pratiques de chimie analytique qualitative en 1956-1957 – Maître de Conférences de matière médicale en 1962-1964 – Professeur en 1965). Enseigne la botanique et la physiologie végétale à la Faculté des Sciences de l’Université de Metz de 1972 à 1993. Professeur Emérite des Universités en 1994.
Professeur d’Ecologie au Collège d’Europe de Bruges (1973-1992)
LA RECHERCHE
« J’aimais la science… et particulièrement la botanique et plus spécifiquement encore la pharmacognosie » (science des plantes à usage thérapeutique)
Le jardin de l’âme, Jean-Marie Pelt, Editions Fayard, 1998
Jean-Marie Pelt étudia les huiles de diverses Flacourtiacées africaines et notamment de Chaulmoogra utilisé dans le traitement de la lèpre (sujet de sa thèse de Doctorat d’Etat), les drogues et plantes médicinales du Moyen-Orient et surtout de l’Afghanistan (inventaire des ressources naturelles, étude des jusquiames, datura, éphédras et diverses Chénopodiacées à alcaloïdes)
La place des drogues et principes d’origine végétale dans la thérapeutique
Etude de la flore halophile (qui vit sur des territoires salés) de la vallée de la Seille (Moselle)
Toutes ses études produisirent des dizaines de thèses dirigées et plus de 120 publications scientifiques nationales et internationales.
LES MISSIONS SCIENTIFIQUES
Ses travaux de recherche le menèrent à travers le monde dans des pays aujourd’hui totalement fermés : 1964 – Expert de la Coopération Technique Internationale en Afghanistan dans le domaine de l’Ecologie végétale et de la Pharmacognosie – Faculté de Pharmacie de Kaboul
1967 – Mission géologique et études annexes en Afghanistan pour le C.N.R.S. dans le prolongement de la mission précédente
1968 – Etude des Pharmacopées traditionnelles pour l’ORSTOM à Lomé au Togo (rite vaudou)Missions au Maroc pour le Ministère des Affaires Etrangères, à l’Ecole des Eaux et Forêts, à l’Ecole d’Agronomie, à la Faculté des Sciences de Rabat et aux Centres Culturels Français de Marrakech, Fès, Meknes et Casablanca
L’HOMME POLITIQUE
« Jean-Marie Pelt était un grand et un fin politique. Il était doté d’une intelligence supérieure à la moyenne. Avec ses discours, il pouvait enflammer des salles…»
Interview de Jean-Marie Rausch, La Semaine, 9 janvier 2016
C’est en 1956, à 23 ans, que Jean-Marie Pelt fit ses premiers pas en politique à l’occasion de sa rencontre avec Robert Schuman, alors Garde des Sceaux, qui habitait à Scy-Chazelles sur les hauteurs de Metz. Séduit par la personnalité du Président, il accepta la responsabilité des jeunes du Mouvement Républicain Populaire (MRP), le parti de Robert Schuman. Cependant, privilégiant la recherche et l’enseignement, il prit ses distances avec la politique mais conserva une relation privilégiée avec Robert Schuman qu’il voyait tous les samedis pour le déjeuner.
Au milieu des années 1960, Jean-Marie Pelt se prit d’amitié pour Jean-Marie Rausch qu’il rencontra au cours d’une conférence. Et c’est au début des années 1970 qu’il accepta le poste de premier Adjoint au Maire de Metz (de 1971 à 1983), en charge notamment de l’urbanisme. Au même moment il décida de créer l’Institut Européen d’Ecologie ainsi qu’une faculté d’écologie.
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LE JARDIN DE LA FOI
L’HOMME DE FOI
« J’ai rencontré Dieu tout petit sur les genoux de mon grand-père, au fond de son jardin »
Au fond de mon jardin, Editions Fayard, 1992
Petit-neveu de Jean-Baptiste Pelt (1863-1937), 102e évêque de Metz, Jean-Marie Pelt baigna dès sa naissance dans la religion.
Il était un scientifique chrétien et croyant mais n’a jamais fait de prosélitisme. Il aborda la spiritualité dans plusieurs de ses ouvrages (Dieu de l’univers, science et foi, Éditions Fayard, 1995 – Nature et spiritualité, Éditions Fayard, 2008). Sa foi relevait de l’humanisme chrétien, de sa foi en la vie.
LE PRESIDENT FONDATEUR DE L’INSTITUT EUROPEEN D’ECOLOGIE
C’est en 1971 que Jean-Marie Pelt, l’abbé Roger Klaine, Jean-Michel Jouany et Marcel Robin fondèrent l’Institut Européen d’Ecologie au Cloître des Récollets à Metz. Véritable atelier du futur axé sur la transdisciplinarité, totalement novateur pour l’époque, il y attire des scientifiques, des sociologues, des urbanistes, des juristes, des aménageurs du territoire. C’est de ce vivier que sortirent des sciences nouvelles, telles que l’écotoxicologie (étude des pollutions multiples et leur impact sur l’homme et l’environnement), l’écologie urbaine (étudie l’ensemble des problématiques environnementales dans le milieu urbain. Elle vise à articuler ces enjeux en les insérant dans les politiques territoriales pour limiter les impacts environnementaux et améliorer le cadre de vie des habitants) et l’ethnopharmacologie.
Roger Klaine | Jean-Michel Jouany | Jacques Fleurentin |
La salle du Club, lieu de réunion et de réflexion | Peinture polychrome dans le déambulatoire | La salle du Grand Grenier, lieu de conférences |
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L’HOMME ENGAGE
Jean-Marie Pelt, pionnier et figure de l’écologie, lanceur d’alerte, s’oppose au nucléaire et à l’amiante dans les années 1970, aux organismes génétiquement modifiés (OGM) dès 1996 et co-fonde en 1999, avec Corinne Lepage et le professeur Gilles-Eric Séralini, le Comité de Recherches et d’Informations Indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN). Met en garde contre l’utilisation intempestive des pesticides en grande partie responsables de la disparition des abeilles.
L’HOMME COMMUNIQUANT
Jean-Marie Pelt était un pédagogue passionnant du fait de son immense culture de la nature et de sa capacité à vulgariser la science. « Il était un encyclopédiste de la trempe des humanistes du XVIIIè siècle. Il a mené un véritable travail de relieur entre les fleurs, les animaux et les hommes »
Denis Cheissoux, CO2mon amour, France-Inter.
Il a écrit de nombreux articles dans des journaux, revues et magazines divers et accordé de nombreuses interviews.
Les émissions de radio
Jean-Marie Pelt intervenait régulièrement sur les ondes, en France et en Europe, à France-Inter notamment où il avait des émissions régulières (CO2 mon amour, Histoires de plantes…), RTL, RFI, Radio Canada, Radio Suisse Romande.
Il intervenait régulièrement dans des émissions scientifiques ainsi que dans les journaux télévisés.
- Les Plantes médicinales (France Inter, 1981)
- Histoires de plantes (France Inter, 1985-1987)
- Chroniques écologiques (RTL, 1990-1992)
- Nous n’avons qu’une terre (Radio France internationale, 1995-1996)
- Hexagonale Poursuite – chronique (France Inter, 1996-2000)
- Chassé croisé – chronique (France Inter, à partir de septembre 2000)
- CO2 mon amour – chronique (France Inter, depuis septembre 2002)
Les émissions télévisées
L’Aventure des plantes n° 1 (1982) et L’Aventure des plantes n° II, co-réalisées avec Jean-Pierre Cuny (1987), Sept d’or 1987 du meilleur documentaire. Chaque série comportait 13 émissions de 28 minutes chacune.
- Apostrophes de Bernard Pivot, A2, 1990
- Des plantes et des hommes, Arte, 1993, 1994
- La Preuve par cinq, La 5, CNDP, novembre 1995
- Noms de dieux, RTBF, 1999
- Passion Terre, France 3 Lorraine, 2002
- Traversée des jardins, France 3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie 1995, Planète 1996
- Le Goût du bonheur. Fruits et légumes, France 5, 2001
- Trois Minutes pour changer le Monde, TerreTV 1995
- La Planète végétale racontée aux enfants, TerreTV, 2005
- Jean-Marie Pelt, l’homme-fleur, TerreTV 1996
LE JARDIN DES MOTS
L’ŒUVRE LITTÉRAIRE
Jean-Marie Pelt était un savant érudit, comme au XVIIIè siècle ; il avait un savoir encyclopédique et savait tout sur tout. Amateur de philosophie, lecteur passionné des grands auteurs, il aimait se consacrer à l’écriture et transmettre ainsi son savoir. Et c’est donc près de 90 ouvrages qu’il écrivit, dont certains furent traduits en 7 langues différentes. C’est L’Homme Re-naturé, paru en 1977 aux éditions du Seuil mais toujours d’actualité, qui le fît connaître du grand public (Prix des Lectrices de Elle en 1978) et posa les jalons de l’écologie telle que nous la connaissons aujourd’hui. Puis suivirent principalement la Médecine par les plantes, La Vie sociale des plantes, éd. Fayard, 1984, Le Tour du monde d’un écologiste, éd. Fayard, 1990, Dieu de l’univers, science et foi, éd. Fayard, 1995,De l’univers à l’être, éd. Fayard, 1996, Le Jardin de l’âme, éd. Fayard, 1998, La Loi de la jungle, éd. Fayard, 2003, La Solidarité chez les plantes, les animaux, les humains.
Voir la liste complète de ses ouvrages
L’Académie française lui remet en 1982 le Prix Nicolas Missarel pour son livre La médecine par les plantes et en 1984 la médaille d’argent du prix Antoine Girard pour Drogues et plantes magiques.
En 2006, l’Académie des sciences morales et politiques lui remet le prix Édouard Bonnefous pour son œuvre consacrée à la défense de l’environnement.